Il existe plusieurs types de jalousie, dont la jalousie amoureuse, la jalousie fraternelle, la jalousie amicale, la jalousie professionnelle, la jalousie sociale et la jalousie physique. Les quatre premiers types relèvent explicitement d’une relation triangulaire. Dans la jalousie amoureuse, l’un des partenaires aime une autre personne ou est aimé d’elle ; dans la jalousie fraternelle, le frère ou la sœur est le préféré d’un ou des parents ; dans la jalousie amicale, l’un des partenaires préfère une autre personne ; dans la jalousie professionnelle, le collègue est mieux considéré par le patron. Les deux derniers types relèvent explicitement d’une relation binaire et sont, en cela très proches de l’envie : dans la jalousie sociale, l’autre a par exemple mieux réussi ; dans la jalousie physique, l’autre est par exemple plus joli, plus fort, etc. Mais, implicitement ce sont bien deux relations triangulaires. Dans les deux cas, le jaloux voudrait être à la place de l’autre qui possède, par exemple, la fortune, la beauté, etc. Le schéma de la jalousie peut donc être ramené à une relation triangulaire : une personne (le jaloux) voudrait être à la place d’une autre personne (le jalousé) pour jouir de ce qu’il possède (l’amour d’un tiers, un objet, une qualité, etc.), mais elle ne peut pas.
Notre corpus met en œuvre quatre types de jalousie : la jalousie amoureuse, la jalousie fraternelle, la jalousie amicale et la jalousie sociale, la première étant de loin la plus importante.
1.2 La jalousie amoureuse
Dans son intimité, le couple (hors mariage ou dans le mariage) est régi par l’altérité. Celle-ci se concrétise dans des rapports harmonieux ou conflictuels entre les deux partenaires qui essaient de garder leur identité, tout en essayant d’atteindre une fusion harmonieuse. La jalousie intervient lorsque la relation devient triangulaire : l’un des partenaires (le jaloux) estime que l’autre (l’être aimé) se comporte vis-à-vis d’un tiers (le jalousé) d’une façon qui menace, selon lui, la relation du couple et sa place dans le couple. Ce sentiment peut être fondé sur des faits ou bien sur son imagination.
Ce sentiment d’insécurité naît, chez le jaloux, de l’impression d’occuper une place fragile, une place qu’il n’a pas réellement en réalité dans le couple : l’intensité du sentiment amoureux dans ce cas, n’est pas réciproque et c’est une vérité qu’il a bien souvent du mal à admettre. La jalousie est alors d’autant plus importante que le jaloux a le sentiment que son équilibre psychologique repose sur le fait d’être lié à l’être aimé. Le jaloux en conçoit alors du ressentiment, des reproches, des doutes, qu’il adresse aux deux autres, et plus généralement à l’être aimé.
Quand elle est permanente et excessive, la jalousie amoureuse prend la forme d’une paranoïa : elle est vécue sur le mode possessif, voire exclusif. Le jaloux déteste alors voir ou imaginer son partenaire passer du temps avec d’autres personnes, non seulement parce qu’il est privé de sa présence, mais aussi parce qu’il s’estime le seul bénéficiaire légitime de son amour. Il se sent libéré de cette jalousie uniquement lorsqu’il est avec son partenaire, ce qui à terme compromet la liberté du partenaire, chez qui peut naître avec le temps un sentiment de frustration. Ce sentiment d’exclusivité peut pousser à la haine, ce qui peut l’entraîner à écarter, voire tuer l’être aimé (ou bien le tiers).
1.3 La jalousie fraternelle
Le lien fraternel, avec le lien conjugal et le lien parental, constitue l’un des trois grands liens qui structurent la famille. Dans une fratrie, des personnalités très différentes, qui n’ont pas choisi de vivre ensemble, sont reliées par un lien puissant, l’amour de leurs parents qu’ils doivent partager. Plusieurs émotions entrent en jeu : la passion, la haine, la compétition et aussi la jalousie, et ceci de l’enfance jusqu’à l’âge adulte.
La jalousie fraternelle est un sentiment lié à la place que l’on a occupé, que l’on occupe ou que l’on s’imagine occuper dans le cœur des parents, et surtout que l’on craint de perdre. Ou bien c’est la place que l’on a conquise et que l’on ne veut pas céder ou bien c’est celle de l’autre que l’on voudrait prendre, car on l’imagine, à tort ou à raison, comme le « préféré », le « chouchou » des parents. Ce qui intervient ici c’est l’impossible partage, comme si l’amour des parents ne pouvait pas se partager et que ceux-ci ne pouvaient aimer qu’un seul de leurs enfants,
Dans un monde d’aînés et de cadets, l’enjeu pour l’aîné est d’apprendre à accepter l’existence de l’autre et à lui faire une place, alors que l’enjeu pour le cadet est de dépasser la culpabilité d’exister et d’affirmer son droit à l’existence. Mais, ceci n’est pas facile et la jalousie prend souvent le dessus. La Bible est peuplée de frères et de sœurs jaloux : Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü, Joseph et ses frères, Léa et Rachel, Caïn et Abel. La mythologie n’est pas en reste avec Seth et Osiris (Egypte), Etéocle et Blynice (Grèce) et Romulus et Remus (Rome) (Voir Le saviez-vous N°2). D’autre part, à l’âge adulte, la jalousie fraternelle peut se transformer en jalousie amoureuse ou en jalousie sociale.
1.4 La jalousie amicale
La jalousie peut aussi s’immiscer dans une relation d’amitié et se révéler destructrice, d’autant plus si celle-ci est fusionnelle. L’amitié repose sur le partage, l’échange et la satisfaction, mais elle place les amis dans une certaine dépendance. En effet, lorsqu’une personne accorde son amitié à quelqu’un, elle lui accorde en même temps une place privilégiée dans sa vie. Si cette personne a l’impression que son ami(e) s’éloigne ou lui échappe, elle peut craindre que cette source de satisfaction disparaisse. Naît alors un sentiment d’insécurité qui peu à peu se transforme en jalousie.
La jalousie amicale naît généralement à l’arrivée d’un nouvel ami, mais elle peut naître à l’arrivée d’un amoureux et se transformer en jalousie amoureuse, ou bien à l’occasion d’une promotion et se transformer en jalousie sociale.
1.5 La jalousie sociale
La jalousie sociale est très proche de l’envie. C’est un sentiment qui non seulement consiste à désirer le bien matériel d’autrui (bien acquis, fortune, position sociale, etc.), comme la simple jalousie, mais qui est marqué par le refus du bonheur matériel d’autrui et le désir de mettre fin à ce bonheur par différentes manières. Par contre, elle ne doit pas être confondue avec le sentiment d’injustice envers la richesse injustement acquise par autrui (privilèges, etc.).
Par dépit et par haine, la jalousie sociale cherche à déposséder autrui de ce qu’il a. Elle est motivée par un désir de destruction. Rappelons que l’envie cherche aussi à détruire la jouissance qu’un autre pourrait avoir de l’objet convoité, allant jusqu’à détruire l’objet lui-même. Jalousie sociale et envie sont donc très proches. Le schéma de la jalousie sociale est bien un schéma triangulaire : le jaloux veut être à la place de l’autre pour pouvoir jouir de son bien.
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