De « l’école libératrice » aux parents « consommateurs d’école »
Selon cette étude, 21 % des personnels de direction constatent une dégradation des relations avec les parents d’élèves en 2013, contre 12 % en 2004. 50 % d’entre eux déclarent organiser moins de 5 réunions par an avec les parents, contre 25 % dix ans plus tôt.
Alors qu’autrefois les parents étaient « assujettis » à l’obligation scolaire, ils sont progressivement devenus « consommateurs d’école ». Selon les personnels de direction interrogés, certains parents critiquent aujourd’hui les pratiques et contenus pédagogiques, voire n’inculquent pas à leurs enfants le respect des valeurs de l’école républicaine, comme la laïcité ou l’égalité filles‐garçons.
Quelle que soit leur affectation, les chefs d’établissement rencontrent de plus en plus de différends avec les parents et ne sont pas épargnés par les agressions de ces derniers. Cette situation joue sur les conditions et la qualité de vie au travail des personnels de direction mais aussi sur le climat scolaire.
Face à cette violence des parents, les personnels de direction répondent de manière symbolique : pour 66 % des interrogés, les délégués de parents ne sont pas représentatifs de la population scolaire ; pour 58 % d’entre eux, les parents s’occupent principalement de la scolarité de leurs propres enfants et pour 37 % des chefs d’établissement, ils ne remplissent pas leur rôle de relais auprès des autres parents.
Une typologie des personnels de direction : le pari de la bienveillance et de la coéducation
Dans cette étude, Georges Fotinos dégage six typologies de personnels de direction en fonction de leurs pratiques et de leur opinion concernant leurs relations avec les parents :
‐ Les méfiants (11 % des personnels de direction) : ils exercent en majorité dans des établissements à faible mixité sociale (dont 1 sur 4 dans des établissements à population « favorisée »). Ils se montrent très critiques envers les parents, se méfient de ces derniers et sont réticents à toute forme de coopération avec les familles. Le taux d’agressions est fort.
‐ Les prudents (26,3 %) : la très grande majorité (75%) sont des principaux dont 28% exercent en Zep (Zone d’Education Prioritaire). Ils déclarent une qualité de relation avec les parents satisfaisante et un sentiment de confiance, mais un désengagement des parents et un taux non négligeable d’agressions.
‐ Les résignés (9,5 %) : la quasi‐totalité d’entre eux sont des proviseurs de lycées professionnels (81 %) exerçant dans des établissements où la population de parents d’élèves est « défavorisée » (84 %). La relation avec les parents est moyenne et marquée par un éloignement du respect des valeurs de l’école républicaine et un très fort désengagement de la vie de l’établissement.
‐ Les confiants (13,7 %) : la quasi‐totalité (83,3 %) exerce en Collège (40 % en Zep) et en zone urbaine périphérique (40 %). La relation avec les parents est jugée « excellente », le climat est satisfaisant et les parents sont très fortement impliqués dans la vie de l’établissement.
‐ Les satisfaits (13 %) : ils exercent presque tous en lycées d’enseignement général et technique (68 %) ou en Lycée Polyvalent (29 %). La relation est satisfaisante mais il n’existe pas de projets éducatifs construits avec les parents. Le climat est excellent, il y a peu de différends et aucune agression.
‐ Les bienveillants (26,5 %) : ils exercent tous en Collège dont 91,4 % hors Zep et 42 % en zone rurale. Le climat est bon et les parents sont très impliqués dans la vie de l’établissement et la scolarité de leurs enfants. Il existe une véritable confiance entre les parents et les enseignants et un réel respect de l’autorité des enseignants.
Cette typologie fait ressortir que plus les liens entre l’établissement et les parents sont distendus, plus le climat général de l’établissement a tendance à se dégrader et le nombre de différends et d’agressions avec les personnels de direction devient important.
Cinq points d’ancrage pour un partenariat avec les parents
Pour Georges Fotinos, il faut d’abord créer un climat de confiance et de coopération entre les deux partenaires. Ensuite, il est nécessaire de reconnaître à chacun ses compétences et enfin, de mettre en place des actions concrètes, réalisées collectivement, sur des « points d’ancrage » tels que :
‐ la lutte contre la violence dans l’établissement ;
‐ les sanctions, les punitions, l’évaluation ;
‐ l’orientation scolaire ;
‐ l’école ouverte aux parents ;
‐ les lieux de dialogue et d’échanges ;
Le tout soutenu par une formation initiale et continue adaptée.
L’étude « Face à face entre confiance et méfiance » est consultable en ligne sur le site www.casden.fr
Pour y accéder directement, cliquez ici.
Contacts presse :
CASDEN : Stéphanie Guillas, 01 64 80 34 62, stephanie.guillas@casden.banquepopulaire.fr Agence Auvray & Associés : Teninsy SAVANE, 01 58 22 21 15, t.savane@auvray-associes.com |
* Valérie Corre, Députée du Loiret et Rapporteur de la mission parlementaire d’information sur les relations école/parents, Philippe Tournier, Secrétaire général du SNPDEN et Guillaume Dupont, Vice‐Président de la FCPE participeront à la table ronde. |