Des avancées législatives, mais des freins persistants
À l’échelle mondiale, le droit des femmes recule : un pays sur quatre est concerné, selon l’Organisation des Nations Unies. En France, malgré des avancées normatives, l’égalité femmes-hommes reste entravée notamment par des réformes impactant les femmes (retraites, indemnisation des congés maladie, etc.) et des discriminations structurelles tenaces. En 2025, le Haut Conseil à l’Égalité alerte sur la polarisation croissante du débat autour du genre et la persistance des inégalités économiques et sociales.
Les fonctions de direction : le plafond de verre
« Plus diplômées que les hommes, les femmes n’accèdent pourtant pas aux postes et aux métiers les mieux considérés et les plus rémunérateurs. » Tel est le paradoxe analysé par la Cour des Comptes dans son rapport « Les inégalités entre les femmes et les hommes, de l’école au marché du travail » (janvier 2025).
En effet, si le nombre de femmes cadres progresse, elles accèdent rarement aux postes de direction. Dans la Fonction publique, la part des femmes cadres atteint désormais 50 %, mais elles restent sous-représentées aux postes les plus élevés (A+) montre L’Observatoire de la parité Dirigeantes&Territoires.
Les inégalités économiques restent marquées.
En 2022, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 22,2 % à celui des hommes, et à poste égal, l’écart atteint 14,9 %. Dans la Fonction publique, l’Observatoire constate que malgré des grilles de rémunération identiques, les femmes gagnent en moyenne 16,4 % de moins que les hommes en 2021.
Pour l’INSEE, ces écarts s’expliquent notamment par une répartition genrée des métiers, le fait que les femmes travaillent trois fois plus souvent à temps partiel et la parentalité. Les mères perçoivent 30 % de moins que les pères dès le premier enfant et 40,9% de moins, à partir du troisième.
Pour ancrer l’égalité réelle, des administrations engagent des actions systémiques.
Elles mêlent leviers juridiques, changements culturels, évolutions managériales et organisationnelles.
À Cergy-Pontoise, la co-construction avec les agents
La Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise inscrit l’égalité professionnelle dans son identité. Son plan égalité femmes-hommes, conçu avec les agents, intègre des mesures adaptées à leurs besoins, comme une autorisation d’absence pour les deux conjoints en cas d’interruption involontaire de grossesse.
Dans le Var, un portage stratégique fort et une égalité dans les postes de direction
Au Département du Var, un chargé de mission dédié à l’égalité, rattaché directement à la DGS, assure la transversalité des actions. « Au sein de notre collectivité, la parité ne se décrète pas, elle se vit ! » Peut-on lire sur le compte LinkedIn du Département. Des tandems de direction homme-femme ont été instaurés. Résultats : complémentarité au quotidien, effet concret sur les stéréotypes, notamment dans les directions traditionnellement genrées (techniques, numériques, sociales, etc.).
L’appareillage vertueux entre égalité et qualité de vie et des conditions de travail (QVTC)
En septembre 2023, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a intégré les enjeux d’égalité dans un nouveau département de la qualité de vie au travail. Objectifs : élargir les facteurs sur lesquels intervenir pour rendre l’égalité réelle, en prenant en compte de l’ensemble des impacts réciproques des actions mises en œuvre (absentéisme, santé, parentalité, horaires modulables, équilibre vie personnelle et vie professionnelle, etc.). Levier de diversité dans les organisations, l’égalité ouvre un cercle vertueux qui bénéficie à toutes et tous, affirme Sophie Coudreuse.
Séverine Bellina, Réseau service public
Pour aller plus loin :
– Enseignement supérieur, recherche et innovation. Vers l’égalité femmes-hommes ? Chiffres clés 2024
– Droits des femmes : où en est l’égalité professionnelle ?
– Journée nationale de lutte contre le sexisme 2025
– Une avancée décisive vers l’égalité entre hommes et femmes : Un meilleur avenir du travail pour tous