Bonnie Valmalle-Fradet, référente Égalité : « L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes se joue dans le quotidien »
15 septembre 2025

Bonnie Valmalle-Fradet, référente Égalité : « L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes se joue dans le quotidien »

Référente Égalité et cheffe de projet Égalité à la Ville de Marseille, Bonnie Valmalle-Fradet raconte comment elle déploie ses missions sur le terrain.

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Créés en 2019 suite à l’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique, les référent⸱e⸱s égalité sont désignés par leur hiérarchie et ont pour mission de sensibiliser, d’informer, de former les agents à ces questions, de diagnostiquer, de suivre la mise en œuvre du plan égalité, mais aussi d’assurer une écoute, du conseil et une orientation individuelle des agents.

Si la désignation d’un⸱e référent⸱e égalité est désormais obligatoire dans la Fonction publique hospitalière et la Fonction publique d’État, elle ne l’est pas encore dans la Fonction publique territoriale. Certaines collectivités s’en saisissent néanmoins, à l’image de la Ville de Marseille, qui a désigné sa cheffe de projet Égalité, Bonnie Valmalle-Fradet, également référente Égalité. Elle raconte la manière dont elle assure ses missions.

 

Comment est venu votre intérêt pour cette question de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ?

Au départ, je viens du milieu des entreprises électriques et gazières. Je m’occupais d’abord du climat social, puis du management. C’est par ce rôle managérial que j’ai pris conscience de l’importance de l’exemplarité sur les questions liées à l’égalité, et que j’ai commencé à les explorer, de manière personnelle. Je suis ensuite devenue chargée de mission diversité, travaillant sur l’égalité professionnelle et la mixité mais aussi sur l’inclusion des personnes LGBT+ dans l’entreprise. Et il y a un peu moins d’un an, j’ai intégré la Ville de Marseille comme cheffe de projet et référente Égalité.
Mon intérêt pour la question de l’égalité est donc venu petit à petit, sur le terrain. Au tout début de ma carrière professionnelle, j’en avais en effet une vision très naïve : c’est avec le quotidien dans une entreprise que j’ai pris conscience à quel point nous étions loin en matière de sexisme, de différence de traitement, de propos qui pouvaient être tenus… Et que j’ai eu envie de travailler sur ces sujets.

En tant que référente Égalité et cheffe de projet Égalité à la Ville de Marseille, quelles sont vos missions ?

Je suis positionnée au sein de la Direction des ressources humaines, à la DGA Transformer nos pratiques. Je porte et déploie un plan d’action interne à destination des agents et des agentes de la ville. Et nous travaillons de concert avec la direction de l’inclusion qui, elle, est plutôt tournée vers les usagers.

Je m’appuie sur le plan égalité femmes-hommes 2023-2026, qui détaille entre autres les actions à mener en interne. Nous ciblons plusieurs sujets – rémunération, articulation vie professionnelle et vie personnelle… – mais l’axe que nous avons choisi de développer dans un premier temps est celui des violences sexuelles et sexistes au travail (VSST, voir notre article à ce sujet), du sexisme hostile à l’agression sexuelle.

Quelles sont vos actions pour prévenir et lutter contre les VSST ?

Nous avons d’abord une partie sensibilisation, formation, avec notamment deux journées durant lesquelles nous nous investissons beaucoup : le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, et le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Nous avons aussi mis en place un dispositif de signalement interne des VSST, que tous les agents peuvent saisir.

Et nous sommes surtout en train de monter un réseau de référents VSST en interne : ils sont chargés d’orienter leurs collègues et de sensibiliser les directions. L’objectif est que chaque agent puisse trouver son référent sur l’Intranet, le contacter en cas de problème, et être orienté si besoin vers un signalement, un accompagnement psychologique, une enquête administrative, etc.

Actuellement, notre priorité est la structuration de ce réseau : ils sont une quarantaine, et nous souhaitons arriver à avoir au moins un référent sur les 60 directions. Ceux-ci sont volontaires, ils n’ont pas de temps supplémentaire dédié mais disposent d’une lettre de mission très précise : ils ne traitent pas les cas, ils sont là pour écouter et orienter. Mon rôle est d’animer ce réseau, de les aider : outils, numéros utiles, réunions trimestrielles, formations à l’animation d’ateliers de sensibilisation, etc..


Sur les autres sujets ciblés (écarts de rémunération, parcours professionnels, articulation vie professionnelle et vie personnelle…), quelles problématiques identifiez-vous et quelles sont vos actions ?

Nous cherchons d’abord à récolter des données avec la création d’un observatoire. Ensuite, pour des sujets comme la rémunération, les grilles salariales du service public font que la problématique se situe surtout en amont de la prise de poste (avec une majorité de femmes qui occupent les postes les moins bien payés), et est en lien avec la répartition inégale de la charge familiale (qui limite les primes et les heures supplémentaires). Ainsi, notre premier objectif est de faire prendre conscience aux agentes et agents des stéréotypes de genres, via des conférences, notre Campus engagé, etc.

Qu’apporte le fait d’être officiellement déclarée référente Égalité en plus de votre poste de cheffe de projet Égalité ?

Je pense que le premier intérêt du référent Égalité est de rendre visible l’engagement de la collectivité, à la fois vis-à-vis de l’externe – et c’est essentiel, au vu de l’actualité – et de l’interne.
Car je pense que cette thématique de l’égalité doit absolument être incarnée, portée. Quand on parle par exemple de VSST, il existe encore un manque de maturité ou de réflexes : certaines situations nécessitent beaucoup d’accompagnement pour arriver à un signalement, et donc une prise en charge administrative. Pour moi, il faut donc être sur le terrain et être visible – et c’est ce que permet la fonction de référent.

L’égalité ne peut pas se développer de manière diffuse ou seulement auprès de certains agents : par exemple, si on ne forme que les agents ou que les managers, ça ne fonctionne pas ! La question se joue dans le quotidien et dans chaque service : il faut ainsi réussir à fédérer tout le monde, que tout le monde porte l’égalité.

 

Propos recueillis par Julie Desbiolles, Réseau service public

 

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